lundi 2 juillet 2007

[ 02/07/07 ] "Doit-on comprendre l'art ?"

Tiens dans le message sur le MoMA je pose la question suivante : "Doit-on comprendre l'art ?"
Je pense que des gens ont déjà essayé de répondre à ça, et d'autres y ont sûrement répondu, mais ce n'est pas grave. Mon tour !

Pour une peinture, doit-on forcément savoir quelles techniques sont utilisées, quelles sont les motivations du peintre, si ça a du sens, et donc avoir besoin de ces données pour apprécier ou non une oeuvre ? Ou pouvons-nous simplement juger d'après ce qu'on voit ?
Pour une musique, doit-on savoir ce que le compositeur ressentait à ce moment là ? Avec qui était-il au Conservatoire ?
Si on veut réaliser quelque chose dans le style de quelqu'un, ou même réaliser tout court, il est bien évidemment qu'il faut un bagage de connaissances de ce qui s'est fait, de ce qui se fait. Mais pour les simples spectateurs comme nous ?

Y-a-t'il quelque chose à comprendre dans l'art ? L'artiste désire-t'il nous faire comprendre quelque chose ?
Je pense que c'est une question évidente à se poser avant de réfléchir à la principale. Le peintre a un sentiment, voit un paysage, a une idée, la représente sur toile, sur papier, n'importe quoi, en utilisant peinture à l'huile, aquarelle, n'importe quoi. Le musicien, de même avec d'autres techniques. L'auteur aussi. Etc. Il est clair que les artistes veulent nous présenter quelque chose, et je pense qu'ils souhaitent que nous comprenions quelque chose. Certains veulent juste nous montrer quelque chose, par exemple un paysage, qui ne nécessite en général pas de compréhension. Mais le spectateur qui regarde un paysage cherchant à savoir s'il l'a vu, ou cherchant s'il y a quelque chose de caché dans le décor, s'approche d'une compréhension de l'oeuvre.
Pour la musique, il est plus difficile d'appréhender une oeuvre sans rien savoir je pense. Les paysages se voient, les sentiments peuvent se voir en observant les autres... Mais un paysage en musique ? Et bien c'est possible, mais il faut une écoute et une implication, et donc une compréhension de l'oeuvre.

Souhaitons-nous devoir chercher à comprendre ?
Là c'est une question délicate, et je pense que celà dépend des gens. Pour la musique, étant donné le paysage actuel et la direction prise, on veut des trucs tous faits, tous pourris, rien à comprendre (je ne pense pas que ce qu'on entend partout soit à considérer comme de l'art tel que je l'imagine dans ce petit essai). Facile, rapide, et cher. Mais certains sortent du lot, et heureusement ! Bon on a eu nos Bach, Beethoven et Mozart pour les gros classiques, on sait que ce type de musique est compliqué, mais entre ça et ce qu'on a à la radio, il y a quand même un gouffre. Si celà représente les envies des auditeurs (et ça le fait sinon ça aurait changé), c'est bien qu'on désire des choses ordinaires qui ne requièrent que peu d'attention et de compréhension. Moi même qui écoute des musiques "faciles", j'avoue que c'est carrément autre chose d'écouter une oeuvre qui nécessite une écoute attentive, et de faire des recherches sur celle-ci.
Aller question simple pour vous : qui a déjà cherché ce que veut représenter une musique sans parole ? (oui sans parole, les paroles en général sont "au dessus" de la musique, et accompagnent juste. Rares sont les musiques sensées.)

S'il y a quelque chose à comprendre, devons-nous nous y plier ?
Difficile à dire. Si le peintre a réalisé un paysage, il va utiliser certaines techniques pour le rendu, et nous n'avons en général qu'à apprécier. S'il a voulu transmettre quelque chose de plus profond, il faudra s'y plier.
Au musée il y a ce petit tas de morceaux de papiers qui m'a tout de suite fait dire "c'est nul", mais je n'ai pas cherché à comprendre. J'aurai peut être dû. Ensuite j'aurai dit "c'est nul", mais j'aurai compris ! Malheureusement, la vue de cette "oeuvre" ne manifeste pas chez moi l'envie de m'y attarder davantage. Il aurait fallu qu'on me dise avant ce qui avait pû générer ceci, et ça aurait eu plus d'intéret.
Même remarque pour le "Pink Out of a Corner - To Jasper Johns" de Dan Flavin. Je n'ai absolument pas envie de savoir pourquoi il a mis un néon rose dans un angle ! Je l'imagine bien "Bon Jasper t'es mon pote, je suis un peu à la rue, il me reste un néon je vais le foutre dans un coin, je dis que c'est pour toi et hop chui sorti de la misère." Diantre, aurais-je compris ?
Aller un dernier exemple : le Monochrome Bleu de Yves Klein. "Youpi Peyo m'a demandé de faire la nouvelle couverture de son album des Schtroumpfs. Raaaaaaaaah merde j'ai renversé le pot de bleu. Bon tiens c'est marrant, c'est bleu. Aller je vais exposer ça."
(Cette partie est pour déridée un peu l'ambiance globale du texte)

Et si je ne veux pas chercher à comprendre ?
C'est bien légitime ! et je ne pense pas que les artistes nous en veulent si on ne cherche pas. Enfin ceux qui sont morts tout du moins. Après pour les autres ce n'est qu'une question de temps !
Plus sérieusement, je ne sait pas trop quoi dire là. Le coup de la panne. Pour avoir eu une petit éducation musicale (merci à Laurent pour l'avant dernière année de solfège qui a été la meilleure !), je ne dis pas que je comprends la musique, mais j'essaie. Pour la peinture j'ai du mal. Peut être qu'il faut aussi un bagage de connaissances pour être spectateur... Je ne sais pas trop.

Alors, doit-on comprendre l'art ? Oui, avec un tout petit non. Un petit non pour le mystère qui est un aspect intéressant, de ne pas trop empiéter sur le domaine de l'artiste. Un petit non pour la paresse, car nous sommes libres de vouloir ou non comprendre. Mais un oui car l'oeuvre sans son contexte et son sens est sans valeur. Oui car il faut respecter la volonté de l'artiste. Oui car nous devons ça à l'artiste qui a fait l'effort d'oeuvrer.

Comment comprendre ? (notez que poser cette question revient à accepter qu'il faut comprendre l'art)
Très bonne question et répondre à ça... Difficile ! Il y a différents aspects à examiner : le côté de l'artiste et le côté du spectateur.
Un début de réponse en disant que celà varie selon :
- la volonté de l'artiste : il peut juste vouloir nous présenter quelque chose. Reprenons l'exemple du paysage en peinture. Un paysage ne nécessite pas forcément de compréhension.
- l'abstraction de la chose à présenter : les techniques utilisées, le désir de dissimuler, l'envie de faire réfléchir le spectateur.
- le besoin de compréhension du spectateur :
- la capacité de compréhension du spectateur : elle n'est évidemment pas égale chez tout le monde, et il faut ajouté à celà la curiosité du spectateur.
Doit-on, comme a dit Barnett Newman, "rencontrer une oeuvre comme rencontrer une personne", et donc apprendre à la connaître, donc de la comprendre, avant de l'apprécier ou non ? Peut être que certaines oeuvres nécessitent une préparation préalable, pour ne pas être déçu, choquer ou autres.
La question "Comment comprendre ?" est sans réponse précise.

Je suis en train de remarquer qu'une des choses qui m'a le plus marqué au musée est ce tas de bouts de papier. Et bien je ne sais pas vraiment pourquoi l' "artiste" a fait ça, mais il est possible que les remarques que j'en fais sont une partie de la réponse. L'intérêt par la simplicité, voir la nullité. Même remarque pour les monochromes, qui attirent intérêts et curiosités dans leurs uniformités.

Remarque : je ne suis pas artiste, j'ai écrit un semblant d'essai et j'espère que vous avez compris quelque chose !

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Kikou lol et merci aux courageux qui sont arrivés au bout !

7 commentaires:

Hard-j a dit…

J'aime pas quand t'es pas drôle!

Unknown a dit…

Sympatique ta petite étude de l'art en général, mais pour ajouter ma vision à l'ensemble, je pense que l'art c'est un triangle, à chaque sommet se trouve l'une des 3 formes d'art :
- art 'commercial' : répond aux attentes de ce que les gens veulent à un moment donner
- art 'matériel' : un paysage, un tableau hyper réaliste, enfin quelque chose qui représente une chose matérielle
- art 'phylosophique' : l'oeuvre n'est pas faite pour etre forcément jolie, mais pour faire réfléchir.

Je pense que toute oeuvre se situe quelque part à l'intérieur de ce triangle, plus ou moins proche des différents sommets. Pour donner des exemples des sommets, on a les monochromes pour le coté phylosophique, superbus pour le coté commercial et l'hyper réalisme pour le coté représentatif de l'art.

Mais si on prend par exemple Salvador Dalí, ses oeuvres sont faites pour faire réfléchir, pour exprimer un concept tout en représentant en même temps quelque chose. Ou les frères LeNain qui avec leurs clairs-obscurs arrivent à représenter une chose réaliste tout en ajoutant un sentiment.

J'ajouterai pour finir que pour beaucoup de personnes l'art doit être quelque chose de compliqué et d'impossible à copier, mais toute la branche minimaliste a provoqué un changement dans la perception de l'art en proposant quelque chose de facile à reproduire, mais où l'intention de l'artiste prévaut sur tout.

On peut voir la complexité comme 2 sommets d'un prisme qui aurait parmis ses sections, le triangle dont j'ai parlé précédement.

Donc si on prends pour exemple un Zig qui d'après ce que je crois comprendre peut voyager de 'commercial' à 'représentatif' et de 'normal' à 'incommensurablement complexe' mais qui semble avoir du mal à percevoir dans le concept 'art' les sommets 'phylosophie' et 'd'une simplicité sans nom', il est normal qu'il n'arrive pas à percevoir de l'intéret dans le monochrome bleu d'Yves Klein, qui par sa teinte unie et sa simplicité représente "le coté immatériel et sans limite de sa vision utopique du monde"

Le concept d'art est encore plus complexe que chaque élément qui le compose et il est impossible de pouvoir en voir et en considérer la totalité, le mieux étant d'aprécier ce que l'on considère comme art et d'étendre peu à peu ses connaissances vers d'autres formes en parcourant le prisme de l'art qui (dans ma conception personelle) possède 5 sommets distincts. Tenter de voyager par bonds n'est pas la meilleure chose car le choc peut faire rejeter, il faut y aller doucement et progressivement.

Bon, pour ceux qu'on tout lut, merci de m'avoir lut, désolé pour les fotes de frappe / d'ortografe / de gramère / ... et je sais que ma vision de l'art est incomplète, mais je poursuis lentement mon voyage dans ce vaste domaine.

Unknown a dit…

Extrait d'une top discussion avec l'ami Mathias :
Tartifletteman > Le triangle c'est très bien vu comme truc.
Mathias > Si t'en est que là....
Tartifletteman > Le prisme c'est très très bien vu comme truc. Mais pour le monochrome, ouais faut savoir ce que l'artiste veut représenter pour savoir ce que l'artiste veut nous transmettre; surtout avec le bleu, on imagine le ciel, la mer, mais "le coté immatériel et sans limite de sa vision utopique du monde"... Et je me moque ouvertement n'est-ce pas, du tas de bouts de papiers, et je pense que ma dernière remarque (le fait que le tas de bouts de papiers me fasse réfléchir) est une ouverture du triangle vers le prisme montre que je suis pas encore prêt pour ça mais j'entrevois cette possibilité.
Mathias > ouais, mais le plus souvent en art moderne à coté de l'oeuvre il y a une notice qui indique : 'changing sky' <- il me semble que c'est le nom d'une oeuvre qui est un trou dans le plafond. Par le titre de l'oeuvre tu peux déjà te faire une idée de ce que l'artiste a voulut faire passer; si c'est pas suffisant, il y a assez souvent un panneau qui cause de l'intention de l'artiste; si ce panneau n'existe pas, le plus souvent c'est que c'est écrit dans le plan/guide du musée et si tu ne comprends toujours pas, il peut y avoir 2 raisons :
- tu n'es pas prêt pour ce genre d'oeuvre
- l'intention de l'artiste ne peut être vue que par une classe de personne (une nationalité, une ville, une classe sociale, un milieu de travail, ...)
Mathias > l'art, sa vision et sa compréhension ne sont pas des choses universelles.

Anonyme a dit…

Il y a le cérébral et le viscéral.

Le cérébral, c'est pour les branleurs de droite plein de frics. Ceux qui sont bons à te sortir des reférénces et à t'expliquer qu'un mec qui renverse un urinoire dans un musée c'est Che Guevara.

Ya le viscéral, qui aime, qui n'aime pas, mais qui ne sait pas pourquoi (et il est de gauche).

Entre ces deux extrèmes, il y a nous. On se place un peu ou l'on veut (au centre ?), en fonction de notre éducation, de notre curiosité dans certains domaines.

Discerté sur l'Art, c'est perdre du temps. Ce temps pourrait etre mieux utilisé... A en voir, à s'y essayer, à l'intégrer et le disséqué selon sa mythologie interrieur.

Au boulot tas de fainéants !

Pony Grinder a dit…

Mouais alors pas d'accord avec N. : le cérébral qui te sort des références à 2 balles est de gauche et lit souvent Télérama ;-).
Le viscéral n'aime ou n'aime pas sans chercher à comprendre / Zéro curiosité ==> hop de droite.
Et ceux qui prennent des raccourcis très rapides pour expliquer tout ça : c'est nous les gentils hobbits !

P.S. : Thiasma, intéressant ton message mais y'a que des 'i' à philosophie. Pardon mais ça m'a gêné. Sumi masen.

Unknown a dit…

Désolé, mais le francais impose trop de limites a la créativité et j'aime bien les Y. Personellment je pencherai pour une réforme complète du système d'écriture francais pour le rendre plus fluide et plus maléable sans tomber dans la déformation ultime qu'est le langage SMS. Mais c'est un autre débat.

Anonyme a dit…

humm une discert' de philo ou des poèmes entierement en sms.

La français est une noble langue respecte la donc potiron